LE PORC, UN PRODUIT DE MASSE

Les animaux curieux et sociables ne peuvent pas exprimer leur comportement naturel dans l’engraissement intensif

11.2.2022

Dans des conditions naturelles, les cochons passent beaucoup de temps à explorer leur environnement. Les cochons sont des animaux propres, ils ne défèquent ni n'urinent jamais dans leur couchette. Comme ils ne peuvent pas transpirer, ils aiment se baigner dans la boue les jours de grande chaleur pour se rafraîchir. Ils sont sociables et vivent en grands groupes. Ce n’est que juste avant la mise bas que la truie se sépare et construit un nid. Dans la nature, elle allaite ses porcelets pendant environ 15 semaines.

Jusqu’à présent, l’élevage intensif des porcs ne tient guère compte des comportements naturels des animaux ; au contraire : leurs besoins naturels sont réprimés. Ils ne peuvent pas bouger suffisamment et des besoins de base importants comme les soins corporels, les comportements sociaux, l’exploration, la recherche de nourriture et la construction de nids ne peuvent pas être satisfaits. Les conséquences sont à la fois d’ordre physique et psychologique.

porcs

Des millions de porcs souffrent des conditions de l'engraissement intensif

La viande de porc est la viande la plus consommée en Suisse

Les Suisses aiment le porc dans toutes les formes : transformée en saucisses, en côtelettes ou en escalopes, la viande de porc est la viande la plus consommée dans notre pays. En moyenne, chaque Suisse consomme plus de 20 kg de viande de porc par an. Si l’on considère que la consommation moyenne de viande dépasse à peine 50 kg par habitant et par an, cela représente pour ainsi dire la moitié.1

La souffrance des cochons dans l’élevage intensif

Afin de satisfaire cette forte demande, près de 2,5 millions de cochons sont abattus chaque année en Suisse. Bien que la loi suisse sur la protection des animaux soit volontiers qualifiée d’exemplaire, les prescriptions en matière de protection des animaux sont plus qu’insuffisantes, notamment en ce qui concerne les porcs d’engraissement. Les porcheries sont conçues pour produire le plus de viande de porc possible en un minimum de temps, et ce au moindre coût.

Jusqu’à présent, l’élevage intensif des porcs ne tient pratiquement pas compte des comportements naturels des animaux, au contraire, leurs besoins sont réprimés. Ils ne peuvent pas satisfaire des besoins de base importants comme les soins corporels, les comportements sociaux, l’exploration, la recherche de nourriture et la construction de nids.

L’espace est exigu : un porc pesant entre 85 et 110 kg ne dispose que d’une surface totale de 0,9 m2. Comme les sorties en plein air ne sont pas prescrites par la loi, la plupart des cochons passent leur courte vie dans des porcheries fermées et ne voient jamais de pâturage.

Les porcs d’engraissement sont engraissés à l’aide de rations alimentaires très concentrées. Le fourrage grossier ou la litière pour fouiller et jouer sont rarement proposés en quantité suffisante. Les conséquences sont de graves dommages physiques et psychiques.

L’élevage des animaux non conforme aux besoins de l’espèce entraîne un stress et rend les porcs vulnérables aux maladies. Les maladies les plus fréquentes sont les pneumonies et les ulcères gastriques. Après environ 5 à 6 mois, le cochon est prêt à être abattu et entame son dernier voyage vers l’abattoir.

Les porcelets faibles sont souvent tués

Avec la popularité croissante des races Landrace, une race qui donne naissance à plus de porcelets qu'elle ne peut en prendre soin, les porcelets souffrent encore plus. Habituellement, une truie a 12 mamelles (14-16 est également possible, mais pas très courant), et les animaux des races Landrace ont plus de 17 porcelets par portée7. Par conséquent, un plus grand nombre de porcelets naissent avec un faible poids à la naissance (500 à 700 grammes au lieu de 2 kilos). Une truie ne peut pas produire suffisamment de lait pour nourrir un si grand nombre de porcelets. Les porcelets les plus faibles ont donc besoin de soins particuliers, sous forme de lait supplémentaire ou de l'utilisation d'une truie allaitante supplémentaire8. En raison des contraintes de temps, ces soins sont omis en cas de mauvaise gestion et les porcelets les plus faibles sont triés et souvent tués de manière inappropriée.

Castration et caudectomie de la queue des porcelets sans anesthésie

Les troubles du comportement, tels que la morsure de la queue et des oreilles des autres membres du groupe, sont les conséquences directes d'un élevage et d'une alimentation inappropriée. Au lieu d'adapter les conditions d'élevage aux besoins fondamentaux des animaux, on procède à des interventions douloureuses sur les animaux. La "solution" la plus courante aux morsures de la queue est la caudectomie des porcelets d'une semaine, qui consiste à couper ou à brûler l'extrémité de la queue à l'aide d'un fer électrique chaud ou d'un scalpel/couteau, sans anesthésie. La plaie n'est pas traitée par la suite et cette procédure stressante entraîne plusieurs conséquences négatives, telles que des douleurs aiguës et chroniques, ainsi que la perte de la possibilité d'exprimer leur comportement naturel.

Pourtant, la caudectomie systématique des porcs n'est autorisée nulle part dans l'UE depuis 19499. La Commission européenne a mis en garde plusieurs États membres pour qu'ils se conforment à la législation applicable, mais elle a jusqu'à présent hésité à prendre des mesures pénalisantes. Vous trouverez ici des informations sur les audits relatifs à la santé et au bien-être des animaux réalisés en France.

Les cochons utilisent leur queue pour exprimer leurs sentiments, mais ils ne peuvent pas le faire si elle est coupée.

Une autre procédure douloureuse pour les porcelets est la castration, principalement chirurgicale et sans soulagement de la douleur par anesthésie ou analgésiques. La raison : avec des verrats intacts, une odeur désagréable peut se dégager lorsque la viande est chauffée pendant la cuisson. Cependant, l'odeur de verrat est très rare et se produit principalement si les animaux sont détenus dans des conditions d'élevage et d'hygiène inappropriées. La viande contaminée par l'odeur pourrait être triée à l'abattoir et transformée à froid, par exemple en saucisses mais les transformateurs de viande craignent des coûts plus élevés et le rejet des consommateurs, bien que certains pays, comme le Royaume-Uni, gèrent leur industrie porcine avec des mâles intacts depuis plusieurs décennies déjà.

Entassées dans des cages étroites : les caisses pour truies

Les truies reproductrices doivent donner naissance à autant de porcelets que possible et aussi souvent que possible, avec des conséquences fatales pour leur santé. En moyenne, 50 % des truies doivent être triées prématurément et abattues chaque année en raison de problèmes de fertilité et de santé.

Une truie reproductrice, qui allaite ses porcelets pendant la moitié de sa vie de production, est comprimée dans une étroite cage métallique pendant cette période. Cette cage est seulement aussi grande que la truie elle-même et par conséquence elle ne peut même pas se retourner. Les truies reproductrices sont coincées dans cette cage pour réduire le nombre de porcelets écrasés, en raison d'un espace insuffisant. Il existe des alternatives à la cage respectueuses des animaux, comme les stalles à libre parcours, telles qu'elles sont utilisées par exemple dans les systèmes biologiques ou en plein air. En savoir plus sur les problèmes liés aux caisses de mise bas.

Les exigences de QUATRE PATTES

  • Les cochons sont une espèce sociale et doivent être élevés en groupes stables et appropriés. L’élevage des truies en groupe et la mise bas en groupe devraient être une pratique standard.
  • Les cochons aiment la recherche de nourriture, ce qui, idéalement, devrait occuper la plus grande partie de leur temps en journée. Le fait de fouiller et de creuser est la caractéristique la plus visible et la plus importante de ce comportement et, lorsqu’il ne peut pas être satisfait, il entraîne de nombreux problèmes de santé différents, comme par exemple, des stéréotypies.
  • Une alimentation adaptée pour porcs (riche en fibres et en fourrage) est non seulement essentielle pour préserver la santé physique des animaux (elle prévient les ulcères gastriques, fréquents de nos jours), mais elle leur permet également d’exprimer leur comportement naturel, qu’est le fouissage.
  • Des surfaces de couchage suffisantes avec une litière sèche et souple sont essentielles. Les surfaces dures provoquent des blessures aux épaules des truies (parce que leur poids exerce une pression sur les épaules et la colonne vertébrale) et des plaies ouvertes aux articulations des porcelets (parce qu'ils s'agenouillent constamment pour téter).
  • Un revêtement de sol souple adéquat, car les sabots des porcs sont adaptés aux sols souples et marécageux. Les sols durs provoquent des problèmes aux pattes, des boiteries et des bursites.
  • Un espace suffisant avec accès à un espace extérieur/au pâturage. Celui-ci devrait être facilement accessible pour que les animaux aient la possibilité de découvrir le monde extérieur et d’enrichir leur vie, car les animaux s’ennuient moins et maîtrisent mieux leur quotidien lorsqu’ils peuvent découvrir différents environnements.
  • L’abri devrait offrir une protection contre les conditions climatiques extrêmes, une bonne qualité de l’air ainsi que de l’eau et de la nourriture facilement accessibles.
  • Les animaux devraient être maintenus en bonne santé et recevoir des soins vétérinaires si nécessaire.
  • Interdiction de la sélection à outrance pour des performances extrêmes : les races de porcs modernes sont sélectionnées pour une croissance aussi rapide que possible en vue de la production de viande. La prise de poids rapide constitue une charge importante pour les articulations et les os.

Apprenez-en plus les besoins des porcs.

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EN SAVOIR PLUS

Source

1. www.proviande.ch
 

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